Baromètre 2025 de l'Observatoire de la consommation responsable de l'ESG UQAM : 15 ans d'analyse des pratiques de consommation responsable

7 mai 2025

MONTRÉALle 7 mai 2025  – L’édition marquant les 15 ans du Baromètre de la consommation responsable, menée par l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, dresse un bilan lucide, nuancé et révélateur des comportements des Québécoises et Québécois. Si la consommation responsable s’ancre progressivement dans les habitudes, elle reste confrontée à des tensions majeures : impact du coût de la vie, écofatigue ambiante, perte de repères collectifs et contradictions à surmonter.

Une vision élargie de la consommation responsable

« La consommation responsable n’est plus perçue comme un simple réflexe d’achat écologique. Elle devient un mode de vie durable, enraciné dans le quotidien comme le reflètent ces résultats », souligne Fabien Durif, directeur de l’OCR et professeur au Département de marketing de l’ESG UQAM.

  • Limiter le gaspillage (85,5 % y associent ce comportement);
  • Repenser ses besoins (80,2 %);
  • Privilégier la qualité et la santé (77,4 %);
  • Faire preuve de sobriété (74,5 %);
  • Et acheter local (71,9 %).

Une forte adhésion, mais un engagement à nuancer

86,7 % des Québécoises et Québécois (+ 14,6 pts vs 2019) affirment consommer de manière responsable. Pourtant, seulement 18,7 % se disent pleinement engagés. Les hommes affichent un écart entre perception et action, tandis que 64 % de la population estime consommer de manière plus responsable qu’il y a 10 ans.

Des gestes bien ancrés… d’autres à renforcer

Le Baromètre souligne des avancées notables :

  • Déconsommation (+ 2,9 pts vs 2010);
  • Compostage (+ 21,6 pts);
  • Protection des animaux (+ 1,5 pts);
  • Achat de seconde main (+ 2,8 pts vs 2019);
  • Recours aux plateformes collaboratives (+ 11,5 pts vs 2019).

À l’inverse, quelques stagnations, voire reculs, sont remarqués, expliqués par des enjeux économiques, logistiques ou psychologiques :

  • Recyclage (- 0,8 pt vs 2010);
  • Consommation locale (- 0,4 pt vs 2010);
  • Engagement citoyen (- 2,2 pts vs 2010).

Le recyclage reste la pratique la plus courante (83,5 % l’on fait fréquemment dans la dernière année), illustré dans le panier des Québécoises et des Québécois par l’achat constant de produits fabriqués à partir de matières recyclées. En parallèle, l’attrait pour les certifications alimentaires et manufacturières locales (« Bœuf du Québec », « SAQ Origine Québec », « Produits du Québec », etc.) progresse dans les achats déclarés.

Portrait citoyen de la consommation responsable : entre stabilité et mutations

« Après 15 ans d’observation, une réalité s’impose : les femmes et les personnes aînées sont les véritables moteurs de la consommation responsable au Québec », remarque Fabien Durif. Les femmes, en particulier, se distinguent nettement par une approche globale et affirmée. Elles restent les plus engagées sur toutes les pratiques de consommation responsable, à l’exception de celles de mutualisation. Ce sont elles qui mènent actuellement les transformations vers une consommation plus sobre ».

Les personnes de plus de 65 ans privilégient des gestes concrets : aliments de saison, achats locaux et écologiques, produits recyclés ou encore réduction de leur consommation de viande, de produits transformés et d’énergie. Pragmatique et mesurée, cette génération limite également les achats impulsifs et compare systématiquement les prix. Toutefois, elle reste plus distante vis-à-vis des nouvelles pratiques collaboratives émergentes.

À l’opposé, les jeunes générations et celles et ceux vivant en ville façonnent une écologie quotidienne différente : collaborative, alternative, mais traversée de contradictions et de défis à surmonter. Les hommes, quant à eux, se montrent plus confiants qu’engagés, révélant un décalage entre discours et réalité.

Des résultats importants pour les partenaires

« Le Baromètre de la consommation responsable est un outil essentiel pour comprendre où nous en sommes collectivement, mais surtout pour éclairer la suite. Il donne à tous – citoyens, entreprises, décideurs – des repères fiables pour orienter l’action. Chez Renaissance, nous sommes fiers de soutenir cette démarche rigoureuse et unique au Québec. Chaque jour, nos actions montrent qu’il est possible de concilier impact environnemental, inclusion sociale et accessibilité économique. Le véritable défi, maintenant, est de faire en sorte que les choix responsables deviennent la voie la plus naturelle et la plus simple pour tous », précise Éric St-Arnaud, directeur général chez Renaissance Québec.

« Pour savoir où nous devons aller en matière de consommation responsable, il est crucial de comprendre d’où nous venons. Ces données sont des intrants précieux pour nos stratégies d’information, de sensibilisation et d’éducation. Elles nous aident à mieux cerner les comportements des Québécois et des Québécoises afin de poser des actions concrètes et efficaces. Chez RECYC-QUÉBEC, nous allons redoubler d’efforts pour accompagner les citoyens et citoyennes vers un mode de vie plus responsable, en misant sur des gestes simples et accessibles », ajoute Francis Vermette, vice-président Opérations et développement chez RECYC-QUÉBEC.

Autres résultats clés du baromètre :

  • La seconde main en voie de normalisation : Une personne sur 10 achète au moins une fois par semaine des objets usagés. Via l’achat d’occasion, deux personnes sur trois déclarent avoir réduit l’achat de biens neufs.
  • Les pratiques de zéro déchet peinent encore à dépasser le stade des bonnes intentions: Bien que certains gestes gagnent du terrain (utilisation régulière d’une bouteille d’eau, d’une tasse ou de sacs réutilisables), d’autres pratiques, comme le vrac, semblent freinées par des contraintes logistiques et une offre encore limitée.
  • Sobriété : moins d’inflation, moins de restrictions? 58,8% déclarent avoir réduit leur consommation dans la dernière année. Les Québécoises et Québécois semblent prêts à faire des compromis sur le superflu, mais tentent de préserver la qualité de certains biens essentiels — en ajustant leurs choix plutôt qu’en réduisant drastiquement.
  • Attentes envers les marques : le vert cède du terrain au social et à la solidarité.L’utilité sociale, la solidarité et la réponse aux enjeux économiques semble désormais primer sur les promesses écologiques. Le palmarès 2025 est ainsi dominé par des marques du réemploi et de l’économie circulaire comme Renaissance et Village des Valeurs.
  • Une écofatigue bien réelle. Les résultats confirment une forme de saturation écologique. Une part significative de la population dit en faire déjà assez (39,9%), exprime du découragement face à la complexité des gestes à poser (31,4%) ou à l’omniprésence des discours alarmistes (35,9%).
  • Une connaissance environnementale encore partielle. Plus de trois personnes sur quatre déclarent n’avoir qu’une connaissance limitée ou partielle de l’impact environnemental des produits consommés. 73,2% n’ont jamais utilisé un outil de calcul de l’impact environnemental de leur consommation.

Et demain ? Une responsabilité collective à réinventer

Les Québécoises et Québécois continuent de croire à une responsabilité partagée : individus (75,7 %), entreprises (68,1 %), détaillants (63,2 %), autorités gouvernementales (62,6 %), autorités municipales (58,5 %), actrices et acteurs sociaux (54,3 %) et groupes environnementalistes (45,4 %) doivent jouer leur rôle. Mais les attentes de la population sont en forte baisse, un signe d’un retrait ou d’un besoin de renouvellement du contrat social écologique.

Les Québécoises et Québécois sont pour l’instant prêts dans la prochaine année à faire en priorité des gestes simples, concrets et accessibles. Une grande proportion se montre particulièrement disposée à adopter des pratiques de réduction (76,4 %) et de tri des déchets (76,1 %), à réduire leur consommation de plastique (75,7 %), favoriser l’achat local (72,5 %) et réduire leur consommation générale (70,4 %).

Les Québécoises et Québécois sont notamment 68,2 % à souhaiter que les gouvernements interviennent davantage sur les enjeux environnementaux. Des mesures comme l’encadrement des invendus (34,2 %), la gratuité des transports collectifs (27,5 %) ou les incitatifs fiscaux à l’achat de biens écoresponsables (26,5 %) sont largement soutenues.

Quant aux entreprises, les Québécoises et Québécois attendent des actions concrètes, durables et visibles :

  • Des produits plus durables, réparables et recyclables;
  • De la transparence sur l’impact environnemental et social;
  • Des solutions concrètes pour allonger la durée de vie des produits.

Pour consulter tous les résultats du Baromètre de la consommation responsable 2025

Une consultation citoyenne pour construire la suite

Ce bilan des 15 ans du Baromètre confirme une société québécoise engagée, mais en quête de solutions plus simples, accessibles et collectives. Pour accompagner cette transition, l’OCR lancera une consultation citoyenne en ligne inédite, issue d’un exercice d’idéation collectif organisé lors du lancement du Baromètre.

Méthodologie

Réalisé du 21 janvier au 7 février 2025 auprès de 2 000 répondants du panel Web de MBA Recherche, le Baromètre de la consommation responsable 2025 dresse le portrait des pratiques de consommation responsable des Québécoises et Québécois. Les données ont été pondérées en fonction de la distribution réelle de la population selon l’âge et le sexe, d’après les données du dernier recensement de Statistiques Canada.

À propos de l’Observatoire de la consommation responsable de l’ESG UQAM

L’OCR est une cellule d’études et de veille stratégique axée sur la recherche-innovation et le transfert de connaissance dans le domaine de la consommation responsable. L’Observatoire décrypte les mutations économiques et sociétales en cours et futures des diverses pratiques de la consommation responsable, autant du point de vue des citoyennes-consommatrices et citoyens-consommateurs que des stratégies d’engagement et de mise en marché des biens des organisations.

Le Baromètre est réalisé grâce au soutien de RECYC-QUÉBEC et de Renaissance.

Le directeur de l’OCR et professeur au Département de marketing de l’ESG UQAM Fabien Durif est disponible pour des entrevues.

SOURCE  :

Julie Meunier, conseillère en communication
Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Service des communications, UQAM
Cell. : 514 895-0134
meunier.julie@uqam.ca