Biométhanisation sur place

Pourquoi devriez-vous effectuer la biométhanisation de vos matières organiques sur place? Parce qu’en plus de traiter les résidus de façon responsable, cette solution de gestion peut générer des économies d’énergie substantielles pour votre entreprise!

Parcourez cette page pour en apprendre davantage sur la biométhanisation, ses avantages, ses étapes d’implantation, ses limites potentielles et bien d’autres informations utiles en lien avec cette solution.

Qu’est-ce que la biométhanisation?

La biométhanisation (ou digestion anaérobie) est un processus biologique naturel de décomposition de la matière organique par des microorganismes (bactéries) qui s’activent dans des conditions anaérobiques (sans oxygène). La digestion de la matière organique génère à la fois du biogaz, une énergie renouvelable riche en méthane, et du digestat, un résidu riche en éléments fertilisants.

À qui s’adresse la biométhanisation?

La biométhanisation sur place s’adresse davantage à certaines industries de fabrication d’aliments et de boissons qui bénéficient d’un apport important en matières organiques ayant un bon potentiel pour générer du biogaz.

Avantages de la biométhanisation

Il existe de nombreux avantages à opter pour la biométhanisation. Ils dépendent bien sûr du contexte de l’entreprise. Pour vous, il peut s’agir de :

  • Réduire les odeurs associées aux résidus que vous générez
  • Générer des économies et parfois permettre une diversification de vos revenus liés à la vente d’énergie
  • Diminuer vos émissions de gaz à effet de serre (le biogaz se substitue à des combustibles fossiles et les résidus ainsi traités réduisent le dégagement de méthane dans les sites d’enfouissement)
  • Réduire vos coûts de gestion des résidus imputables au respect des exigences réglementaires qui entourent la gestion des rejets
  • Améliorer votre image corporative vis-à-vis des clients et des partenaires

Voici le potentiel de certains résidus détaillé selon ces paramètres.

Tableau 1 ‒ Potentiel de biogaz associé à certains résidus

Tableau qui présente le potentiel de biogaz de certains résidus organiques détaillé selon les paramètres d’évaluation de faisabilité d’un projet de biométhanisation sur place.

Type de résidus organiques Matières solides
(% de matières sèches)
Potentiel de biogaz
(m
3/t de solides volatiles)
Biodégradabilité (DCO, DBO) Prétraitement requis
Type de résidus organiques : Boulangerie Matières solides : Non déterminé Potentiel de biogaz : 830 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Aucun
Type de résidus organiques : Produits laitiers Matières solides : 6 % Potentiel de biogaz : 477 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Aucun
Type de résidus organiques : Fruits (pulpe) Matières solides : 63 % Potentiel de biogaz : 351 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Mineur
Type de résidus organiques : Légumes Matières solides : De 10 à 45 % Potentiel de biogaz : 642 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Mineur
Type de résidus organiques : Pelures de pomme de terre Matières solides : 19 % Potentiel de biogaz : 68 Biodégradabilité : Moyenne Prétraitement requis : Mineur (broyage)
Type de résidus organiques : Viscères (viande) Matières solides : 17 % Potentiel de biogaz : 350 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : (hygiénisation)
Type de résidus organiques : Résidus de gras (coupe de viande) Matières solides : De 36 à 57 % Potentiel de biogaz : De 830 à 1000 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Non déterminé
Type de résidus organiques : Écumes et boues du traitement des eaux usées (volaille, porc) Matières solides : De 5 à 12 % Potentiel de biogaz : De 350 à 780 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Mineur (mélange)
Type de résidus organiques : Graisses de friture et de cuisson Matières solides : 50 % Potentiel de biogaz : 538 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Mineur (mélange)
Type de résidus organiques : Résidus alimentaires de 3e voies (résidentiel et petits ICI) Matières solides : De 15 à 40 % Potentiel de biogaz : 185 Biodégradabilité : Bonne Prétraitement requis : Important (désemballage, retrait des corps étrangers)
Type de résidus organiques : Résidus verts (herbes et feuilles) Matières solides : De 20 à 60 % Potentiel de biogaz : Non déterminé Biodégradabilité : Faible Prétraitement requis : Important

Ce tableau offre un aperçu qui permet de distinguer les différences de potentiel de génération de biogaz et le prétraitement requis selon divers résidus organiques.

À cette étape, nous vous suggérons de faire appel à un expert qui saura faire les calculs nécessaires pour mesurer le potentiel réel de vos résidus selon 3 facteurs :

  • Leur pourcentage de matières solides
  • Leur pourcentage de solides volatiles
  • La technologie retenue

Pour plus de détails sur ces données, consultez le document de référence de SOLINOV : Analyse du potentiel de codigestion à la ferme de matières organiques provenant des secteurs municipal, industriel, commercial et institutionnel (PDF, 856 ko).

Secteurs d’activité les plus concernés

Certains secteurs de la transformation agroalimentaire génèrent une large gamme de matières organiques à fort potentiel méthanogène :

  • Les distilleries
  • Les brasseries
  • Les usines de transformation de fruits et de légumes
  • Les fromageries, laiteries et autres entreprises connexes
  • Les abattoirs
  • Les raffineries de sucre
  • Les usines de production d’amidon, d’acide citrique, etc.
  • Les usines de transformation de céréales
  • Les usines générant divers résidus de graisses

Étapes à planifier

Le saviez-vous? Un traitement biologique par biométhanisation s’inscrit dans une démarche de recyclage des résidus organiques. Toutefois, il est souvent plus simple et moins coûteux d’acheminer vos matières organiques aux entreprises spécialisées dans l’alimentation animale, lorsque cette option est possible.
Informez-vous auprès des fournisseurs de ce type de service ou sur le site de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC).    

Une fois vos quantités et qualités de matières organiques évaluées, vous devrez planifier une série d’étapes essentielles à la réussite de votre projet :

  • Choisissez un type d’installation de biométhanisation adéquat (technologie, alimentation, température d’opération, capacité, performance, etc.).
  • Identifiez les étapes de prétraitement et post-traitement nécessaires.
  • Désignez avec soin un espace et une localisation pour l’équipement de biométhanisation et pour l’entreposage temporaire des intrants, ainsi que pour les étapes de prétraitement et post-traitement (si applicables).
  • Identifiez les avenues possibles pour la valorisation du biogaz.
  • Sélectionnez le mode de gestion du digestat et des effluents (épandage direct sur les terres agricoles ou compostage).
  • Maintenez une gestion soignée, assurée par une équipe d’experts formée et dédiée.

Limites potentielles à l’implantation

Les coûts des équipements et de gestion, la formation et le remplacement du personnel peuvent poser certaines limites à la biométhanisation des matières organiques. Voici donc quelques aspects que nous vous conseillons de surveiller :

  • Les investissements importants liés à l’achat d’équipements de biométhanisation qui affecteront à la hausse le coût d’immobilisation par tonne traitée.
  • Les coûts liés à l’épuration du biogaz, si nécessaire (ex. : dans le cas de l’injection au réseau de distribution ou pour prévenir la corrosion des appareils).
  • Le degré d’expertise des personnes responsables de l’opération des équipements. Les connaissances requises varieront selon la complexité technologique de l’équipement.
  • La prévision de personnel de remplacement disposant d’un minimum de connaissances pour ne pas compromettre les activités de gestion en l’absence des principaux responsables.

Aspects légaux à respecter

Sachez qu’au Québec, le traitement des résidus organiques par biométhanisation nécessite un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Pour découvrir les exigences fixées par le Ministère, consultez le document : Lignes directrices pour l’encadrement des activités de biométhanisation (PDF, 1.2 Mo).